Valdemar Strömgren
Sur la route belle et sale qui longe le Örealven par l’Est, on se sent perdu, au milieu de nulle part. Pour une fois, le paysage est vallonné. Un brouillard flotte au-dessus du fleuve, il pleut des cordes. Une maison attire mon attention par les bâches plastiques qui recouvrent les fenêtres de l’entrée. Deux chaises et une table en PVC sont appuyées sur un rocher. Je frappe, on me crie d’entrer, j’entre, on me dit de m’asseoir. Le vieux couple ne se lève pas, occupé qu’il est à manger ses pommes frites. Il est 16 h 30. Ils ne comprennent pas l’anglais mais à la lecture de la lettre du Centre Culturel Suédois, ils acquiescent.
Les pièces sont étroites. Valdemar pose devant deux superbes peaux de renard argenté et rit que je les admire et les caresse. Il est « Jager » (chasseur) et s’y connaît. Il les a obtenues au piège, ainsi que des petits oiseaux empaillés qui décorent le mur. Il pose, jambe droite en avant, avec ses grosses mains de travailleur. J’aurais aimé en savoir plus.
Derrière lui, un rideau de plastique blanc à fleurs roses, du vrai « kitsch-nordique ». Dans un autre coin de la pièce, je lui propose de mettre les mains sur la table. Il allonge alors démesurément le buste n’osant bouger sa chaise. Dans un petit salon sont affichés le roi et la reine de Suède, une horloge longiforme et quelques tableaux rupestres. Quand je lui propose de prendre une dernière photo, il refuse, simplement. Il trouve peut-être que c’est assez ; je les remercie. Il m’observe à la fenêtre. Nous avons échangé peu de mots mais je suis contente, imprégnée d’une ambiance nouvelle. Il me salue gentiment derrière la vitre.