Hans Ögren
Au bout d’un chemin sombre et boisé, une vaste clairière occupée par des bâtiments agricoles : une étable, un hagard, une grange, un grand four – et une habitation neuve au centre. Deux motoneiges ont échouées au milieu du terrain, quelques camions et tracteurs reposent sur un côté. Je passe l’étonnant portique décoré de deux grosses chaînes et rencontre Hans, immense et trapu, cheveux longs tenus par un bandeau. Un vrai Viking. Il me présente tout naturellement la grande ferme où il a grandi, redonnant vie à ces bâtiments qui tombent en ruine par ses nombreux souvenirs d’enfance. Il a construit la maison récente, qu’il habite avec sa mère. Sa femme et ses cinq enfants sont partis dans le sud, il a du vendre ses vaches suite à un problème de dos. Il travaille aujourd’hui chez Volvo, à l’usine d’Uméå.
Dans l’entrée sont accrochés les grands bois d’un renne qu’il a renversé « par mégarde ». Des poignards Samis et une chemise de bûcheron y sont suspendus. La cuisine est décorée d’un aigle américain en bas-relief sur fond noir. Assis devant la télévision, il raconte les séries américaines qu’il affectionne particulièrement, ce qui explique son bon niveau d’anglais. Il s’intéresse à l’appareil photo, enfonce ses deux yeux dans l’objectif. Il trouve la vue à travers le miroir très réussie, comme si elle ne reflétait pas chez lui. Au moment du départ, il m’offre un souvenir, une sorte de minuscule gourdin de bois, qu’il a taillé au couteau et décoré de lanières en cuir. Etrange cadeau minutieux de ce géant du grand Nord.